08 mai, 2012

La toxicomanie en Tunisie


La toxicomanie a été un sujet tabou durant les dernières années, la politique Ben Aliiste a toujours voulu donner la fausse image d’un havre de paix, d’une cité parfaite ou les affres de l’humanité seraient infimes…
Personne ne pouvait discuter du sujet qui était clos d’office : on n’a pas de toxicomanie comme on n’a pas de SDF non plus !
On a longtemps voulu cacher le soleil derrière les épais rideaux d’un gouvernement paternaliste défaillant car corrompu ;
A l’aube de la révolution, nous avons découvert être gouverné par un roi toxicomane dont les rejetons tenaient les rennes du commerce de stupéfiants en Tunisie : la chat régnait sur les souris…
Nous avons entamé une petite recherche à propos de la question , nous allons donc commencer par un état des lieux concernant la situation en général et les spécificités en Tunisie ;
Une mise au point médicale s’impose pour lever certaines litiges : En dehors du fait que les toxicomanes sont des personnes marginales et marginalisées, qui sont pour la plupart, des cas sociaux souffrant de problèmes familiaux à type d’éclatement du noyau familial, de pauvreté, d’illettrisme ; il est important de savoir qu’un toxicomane est une personne malade : ces sujets présentent une tendance innée à l’addiction ; d’ailleurs, une étude a été faite aux USA sur un nombre important de toxicomanes, l’étude radio-dynamique du cerveau a montré l’existence d’une zone hyperactive (hypersignal) chez les toxicomanes n’existant pas chez les sujets sains, cet échantillon a été accompagné au cours du périple du traitement ; l’imagerie de contrôle avait montré la persistance de l’activité de cette zone chez les anciens toxicomanes guéris lors de l’évocation visuelle ou auditive de n’importe quel instrument en relation avec la drogue.
La tendance à la toxicomanie semble donc être due à des facteurs intrinsèques, presque en dehors de la volonté de la personne ; ce terrain « addictif » pourrait même être génétiquement codifié…
En dehors de ceci,  les produits utilisés sont à tropisme nerveux et donnent des effets indésirables à type de pathologies psychiatriques : on connait la schizophrénie induite par le cannabis,  avec une tendance notable aux dépressions graves avec tentatives de suicide.
En second lieu , la toxicomanie par utilisation de produits injectables reste la cause la plus importante de transmission des virus du SIDA et de l’hépatite C, ceci étant du à l’utilisation d’une seringue commune et à la méthode d’injection : le cas de figure le plus fréquent dans notre pays est l’injection de Subutex, nommé par les adeptes «Sobutex » : le patient utilise une cuillère pour réduire le comprimé en poudre, dépose cette dernière au fond se la cuillère, y rajoute de l’eau pour diluer le tout ; pose aux meilleurs des cas, un coton pour filtrer les grosses particule à travers du quel il filtre le substrat qu’il prélève dans une seringue d’insuline ; il utilise une ceinture comme garrot, repère une veine, retire du sang pour être sur d’être bien dans le vaisseau puis injecte le produit.
Au fur et à mesure, le patient altère son capital veineux, ses vaisseaux ne sont plus aussi abordables, il y en a qui arrivent même à s’injecter au niveau du pénis…
Cette méthode archaïque de filtrage à travers un coton, ne permet pas une injection saine, parfois, on observe des thromboses veineuses dues à un défaut de technique ; mis à part le fait que la non disponibilité des seringues réduisant un groupe à l’utilisation pour une durée parfois assez longues (quelques mois) d’une seringue commune, augmentant ainsi le risque de transmission virale, le microorganisme étant bien protégé à l’intérieur de ce milieu clos, on rencontre plus fréquemment l’infection HIV et l’hépatite C.
Il faut insister qu’en Tunisie, on compte 870 milles cas d’hépatite C, la prise en charge de cette pathologie est très couteuse et non disponible sauf pour les sujets jouissant d’une sécurité sociale ; on compte donc en moyenne 8 décès par semaine chez les utilisateurs de drogues intraveineuses dont 5 par over dose te 3 par hépatite C ;
Une personne intoxiquée doit en même temps prendre d’autres molécules afin de la calmer ou pour induire le sommeil : on observe donc une utilisation de façon synchrone du Temesta, de l’équanil associée à une consommation notable d’alcool.
Nous avons cherché à connaître les drogues circulant sur le grand Tunis : Le SUBUTEX en premier lieu, qui se trouve sous forme de comprimés, à la base ce traitement est supposé aider le sevrage des héroïnomanes, mais son utilisation a dévié, il est vendu 1 comprimé à 20 dinars… par ailleurs, l’héroïne, qui se vent en général en petite quantité 50 mg à 180 dinars assurant une consommation de 48h ; l’Extasy également disponible 1 comprimé étant à 30 dinars ; le temesta est vendu le ¼ de comprimé entre 3 et 4 dinars…
Ce fléau touche excessivement les quartiers de renommée CHIC sur le grand Tunis : Menzah, Manar , Nasr ou des jeunes et moins jeunes se shootent à l’héroïne ; on y retrouve des cadres : juges, banquier…
L’enquête a montré que certains cafés drainent plus que d’autres les toxicomanes.
Il existe des medecins qualifiés en toxicologie qui prennent en charge toute personne désireuse d’arrêter, le traitement des héroïnomanes par exemple coute 200 dinars et dure 14 jours, par ailleurs, pour les personnes moins fortunées, il existait un centre de désintoxication à Sfax :   Jbal el West qui prenait en charge les malades au cours de l’ancien régime ;
Ce centre a cessé de travailler au cours de la révolution pour causes pécuniaires et le nouveau gouvernement allait continuer dans le déni en proposant la métamorphose du centre en un complexe sportif ; ce fût suite à de longues négociations que le ministre de la santé a accepté de garder les mêmes fonctions du centre.
La prise en charge des toxicomanes en Tunisie dépend littéralement du fond mondial, le ministère de la santé et le gouvernement en général est démissionnaire ;
La résolution du problème a toujours été faite par le truchement du ministère de l’intérieur : toute personne détenant une seringue est passible d’un emprisonnement d’un an ! (le problème se pose surtout chez les diabétiques qui utilisent le même model de seringues)
Actuellement, malgré la création d’ONG pour prendre en charge les toxicomanes en Tunisie, l’accès y reste difficile car une peur et une méfiance tout à fait placées règnent, les malades ont peur d’être poursuivis et incarcéré ; Abdesslam, toxicomane en cours de cure dit : «   برشة عباد خايفة وما تحبش تجي  » ;
A noter qu’en dehors de cette ONG, aucune institution gouvernementale ne s’en occupe, l’approche reste dissuasive et violente.
Mr Hichem, membre actif, dit : « pour eux c’est une opération de plus pour un grade de plus !» effectivement, l’association trouve beaucoup de mal à mettre au jour ses activités : ils assurent la distribution de seringues stériles en échange des souillées pour assurer une injection saine, par la suite, et c’est la clef de voute de leur travail, ils offrent des soins à toute personne désireuse de se faire soigner, il s’agit d’une sorte de contrat moral, le malade se présente au local de l’association et y reste pendant toute la journée, l’association lui offre l’alimentation, des formations, des loisirs et même une prise en charge psychologique , bref, tout ce que l’état ne dispense pas ; le cap aigu étant dépassé, le patient deviendra éducateur père, membre de l’association et pourra bénéficier d’un salaire ;
L’association CHAMS, prend en charge depuis un an, des toxicomanes devant la démission et le déni de l’état de cette partie de citoyens qui récence  un nombre important , qui de plus en est, est en extension.
La toxicomanie en Tunisie est un réel problème au quel il faut faire face.
A bon lecteur, salut.