«Avoir du respect pour l’homme signifie en effet tout d’abord voir l’autre comme source de vues, de désirs, de sentiments, d’appréciations, d’actes propres. En d’autres termes, c’est reconnaître la capacité de s’exprimer de l’homme : c’est ne pas voir l’autre comme subordonné à mes idées et mes désirs. Cela signifie aussi prendre l’autre au sérieux avec ses idées et ses désirs. Prendre les autres au sérieux cela signifie-t-il pour autant qu’on approuve sans plus leurs idées et leurs désirs, quels qu’ils soient ? Certainement pas. Une telle position serait d’ailleurs contradictoire. La personne qui veut être prise au sérieux dans ses vues ou désirs, ne veut justement pas que les autres applaudissent à ses idées tout simplement parce qu’ils comprennent que la reconnaissances ou l’approbation a autant d’importance pour la personne en question. C’est peut-être paradoxal mais tout un chacun veut que ses idées soient évaluées d’après leur propre valeur et qu’il soit respecté pour cette raison. La volonté d’être pris au sérieux, d’être respecté implique que l’on soit prêt à confronter ses idées à la vérité et à l’exactitude, ses propres désirs à la justice et à la bonté. Cela implique le risque d’être réfuté…La tolérance contemporaine qu’on loue tant n’est souvent rien d’autre qu’une indifférence cachée par rapport à l’autre, une négation de ce que l’autre pense et sent. Il n’est pas rare que cela soit en rapport avec le fait que l’on a renoncé soi-même à toute aspiration aux valeurs supérieures. La conséquence en est un pluralisme qui ne peut pas répondre à priori à la demande de l’autre à la reconnaissance de soi et de ce qu’il juge être vraiment vrai et valable…L’appréciation doit être donnée, non pas parce que les individus la désirent tant, mais parce qu’ils la méritent. Donner une appréciation sans mérite est une fraude. »
Professeur Herman De Djin
Professeur ordinaire à l’Institut Supérieur de Philosophie, Katholieke Universiteit Leuven.
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