03 décembre, 2008
Le 40 éme conte de ISE MONOGATARI...
Jadis un jouvenceau d’une fille qui point n’était vilaine s’était épris. Il avait des parents qui prétendaient agir sagement; craignant qu’à son tour elle pût s’éprendre, ils résolurent d’éloigner la fille. Voilà ce qu’ils disaient, mais ils ne l’avaient point éloignée encore. Comme il était en leur dépendance et que son cœur manquait de force encore, il n’eut pas la force de les faire renoncer. La fille, qui était de basse condition, n’était en mesure de résister. Entre-temps, leur amour ne faisait que croître. Soudain, les parents chassèrent cette fille. Le garçon eut beau verser des larmes de sang, il ne pouvait les en empêcher. On l’emmena et elle s’en fut. Le garçon, pleurant et pleurant, composa ceci:
Quand elle sera partie
pour qui donc sera pénible
la séparation?
Plus encore que naguère
ce jourd’hui me sens triste!
Il dit et perdit conscience. Les parents se précipitèrent. Avec les meilleures intentions ils avaient ainsi décidé, pensant qu’il n’en viendrait pas à pareille extrémité, et voilà qu’il avait véritablement perdu conscience. Aussi, affolés, faisaient-ils des vœux. Il avait perdu conscience ce jour-là vers la tombée de la nuit et ce n’est que le lendemain vers l’heure du Chien qu’à grand-peine il revint à la vie. Les jouvenceaux de jadis, voilà comment leurs amours ils prenaient à cœur. Les vieillards d’aujourd’hui en feraient-ils autant? (ISE MONOGATARI est un Recueil de contes illustrés de courts poèmes, il est probablement le plus ancien écrit en prose de la littérature japonaise.)
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