La toxicomanie a été
un sujet tabou durant les dernières années, la politique Ben Aliiste a toujours
voulu donner la fausse image d’un havre de paix, d’une cité parfaite ou les
affres de l’humanité seraient infimes…
Personne ne pouvait
discuter du sujet qui était clos d’office : on n’a pas de toxicomanie
comme on n’a pas de SDF non plus !
On a longtemps voulu
cacher le soleil derrière les épais rideaux d’un gouvernement paternaliste
défaillant car corrompu ;
A l’aube de la
révolution, nous avons découvert être gouverné par un roi toxicomane dont les
rejetons tenaient les rennes du commerce de stupéfiants en Tunisie : la
chat régnait sur les souris…
Nous avons entamé une
petite recherche à propos de la question , nous allons donc commencer par
un état des lieux concernant la situation en général et les spécificités en
Tunisie ;
Une mise au point
médicale s’impose pour lever certaines litiges : En dehors du fait que
les toxicomanes sont des personnes marginales et marginalisées, qui sont pour
la plupart, des cas sociaux souffrant de problèmes familiaux à type
d’éclatement du noyau familial, de pauvreté, d’illettrisme ; il est
important de savoir qu’un toxicomane est une personne malade : ces sujets
présentent une tendance innée à l’addiction ; d’ailleurs, une étude a été
faite aux USA sur un nombre important de toxicomanes, l’étude radio-dynamique
du cerveau a montré l’existence d’une zone hyperactive (hypersignal) chez les
toxicomanes n’existant pas chez les sujets sains, cet échantillon a été
accompagné au cours du périple du traitement ; l’imagerie de contrôle
avait montré la persistance de l’activité de cette zone chez les anciens
toxicomanes guéris lors de l’évocation visuelle ou auditive de n’importe quel
instrument en relation avec la drogue.
La tendance à la
toxicomanie semble donc être due à des facteurs intrinsèques, presque en dehors
de la volonté de la personne ; ce terrain « addictif » pourrait
même être génétiquement codifié…
En dehors de
ceci, les produits utilisés
sont à tropisme nerveux et donnent des effets indésirables à type de
pathologies psychiatriques : on connait la schizophrénie induite par le
cannabis, avec une tendance
notable aux dépressions graves avec tentatives de suicide.
En second lieu ,
la toxicomanie par utilisation de produits injectables reste la cause la plus
importante de transmission des virus du SIDA et de l’hépatite C, ceci étant du
à l’utilisation d’une seringue commune et à la méthode d’injection : le
cas de figure le plus fréquent dans notre pays est l’injection de Subutex,
nommé par les adeptes «Sobutex » : le patient utilise une cuillère
pour réduire le comprimé en poudre, dépose cette dernière au fond se la
cuillère, y rajoute de l’eau pour diluer le tout ; pose aux meilleurs des
cas, un coton pour filtrer les grosses particule à travers du quel il filtre le
substrat qu’il prélève dans une seringue d’insuline ; il utilise une
ceinture comme garrot, repère une veine, retire du sang pour être sur d’être
bien dans le vaisseau puis injecte le produit.
Au fur et à mesure, le
patient altère son capital veineux, ses vaisseaux ne sont plus aussi
abordables, il y en a qui arrivent même à s’injecter au niveau du pénis…
Cette méthode
archaïque de filtrage à travers un coton, ne permet pas une injection saine,
parfois, on observe des thromboses veineuses dues à un défaut de
technique ; mis à part le fait que la non disponibilité des seringues
réduisant un groupe à l’utilisation pour une durée parfois assez longues
(quelques mois) d’une seringue commune, augmentant ainsi le risque de
transmission virale, le microorganisme étant bien protégé à l’intérieur de ce
milieu clos, on rencontre plus fréquemment l’infection HIV et l’hépatite C.
Il faut insister qu’en
Tunisie, on compte 870 milles cas d’hépatite C, la prise en charge de cette pathologie
est très couteuse et non disponible sauf pour les sujets jouissant d’une
sécurité sociale ; on compte donc en moyenne 8 décès par semaine chez les
utilisateurs de drogues intraveineuses dont 5 par over dose te 3 par hépatite
C ;
Une personne intoxiquée
doit en même temps prendre d’autres molécules afin de la calmer ou pour induire
le sommeil : on observe donc une utilisation de façon synchrone du
Temesta, de l’équanil associée à une consommation notable d’alcool.
Nous avons cherché à
connaître les drogues circulant sur le grand Tunis : Le SUBUTEX en premier
lieu, qui se trouve sous forme de comprimés, à la base ce traitement est
supposé aider le sevrage des héroïnomanes, mais son utilisation a dévié, il est
vendu 1 comprimé à 20 dinars… par ailleurs, l’héroïne, qui se vent en général
en petite quantité 50 mg à 180 dinars assurant une consommation de 48h ;
l’Extasy également disponible 1 comprimé étant à 30 dinars ; le temesta
est vendu le ¼ de comprimé entre 3 et 4 dinars…
Ce fléau touche
excessivement les quartiers de renommée CHIC sur le grand Tunis : Menzah,
Manar , Nasr ou des jeunes et moins jeunes se shootent à l’héroïne ;
on y retrouve des cadres : juges, banquier…
L’enquête a montré que
certains cafés drainent plus que d’autres les toxicomanes.
Il existe des medecins
qualifiés en toxicologie qui prennent en charge toute personne désireuse
d’arrêter, le traitement des héroïnomanes par exemple coute 200 dinars et dure
14 jours, par ailleurs, pour les personnes moins fortunées, il existait un
centre de désintoxication à Sfax : Jbal
el West qui prenait en charge les malades au cours de l’ancien régime ;
Ce centre a cessé de
travailler au cours de la révolution pour causes pécuniaires et le nouveau
gouvernement allait continuer dans le déni en proposant la métamorphose du
centre en un complexe sportif ; ce fût suite à de longues négociations que
le ministre de la santé a accepté de garder les mêmes fonctions du centre.
La prise en charge des
toxicomanes en Tunisie dépend littéralement du fond mondial, le ministère de la
santé et le gouvernement en général est démissionnaire ;
La résolution du
problème a toujours été faite par le truchement du ministère de
l’intérieur : toute personne détenant une seringue est passible d’un
emprisonnement d’un an ! (le problème se pose surtout chez les diabétiques
qui utilisent le même model de seringues)
Actuellement, malgré
la création d’ONG pour prendre en charge les toxicomanes en Tunisie, l’accès y
reste difficile car une peur et une méfiance tout à fait placées règnent, les
malades ont peur d’être poursuivis et incarcéré ; Abdesslam, toxicomane en
cours de cure dit : « برشة عباد خايفة وما تحبش تجي » ;
A noter qu’en dehors de cette ONG, aucune
institution gouvernementale ne s’en occupe, l’approche reste dissuasive et
violente.
Mr Hichem, membre actif, dit : « pour
eux c’est une opération de plus pour un grade de plus !» effectivement,
l’association trouve beaucoup de mal à mettre au jour ses activités : ils
assurent la distribution de seringues stériles en échange des souillées pour
assurer une injection saine, par la suite, et c’est la clef de voute de leur
travail, ils offrent des soins à toute personne désireuse de se faire soigner,
il s’agit d’une sorte de contrat moral, le malade se présente au local de
l’association et y reste pendant toute la journée, l’association lui offre
l’alimentation, des formations, des loisirs et même une prise en charge
psychologique , bref, tout ce que l’état ne dispense pas ; le cap
aigu étant dépassé, le patient deviendra éducateur père, membre de
l’association et pourra bénéficier d’un salaire ;
L’association CHAMS, prend en charge depuis un
an, des toxicomanes devant la démission et le déni de l’état de cette partie de
citoyens qui récence un
nombre important , qui de plus en est, est en extension.
La toxicomanie en Tunisie est un réel problème
au quel il faut faire face.
A bon lecteur, salut.