23 janvier, 2008

CRENOTHERAPIE ET CLIMATOTHERAPIE

Le nombre des cures thermales dans le monde dépasse 10 millions par an. Cette thérapeutique est donc un fait massif, du point de vue sanitaire, économique et social. Dans le cas d’un asthmatique insuffisamment amélioré par un traitement médical persévérant la conduite à tenir peut être la suivante ; son médecin choisit une station de cure, transmet les informations nécessaires au consultant thermal et remplit éventuellement le certificat destiné à la Sécurité sociale. Le malade, dès son arrivée à la station, est examiné par le consultant thermal, qui lui prescrit une cure adaptée, en surveille les réactions, et en modifie les modalités au fur et à mesure. La cure est un ensemble, qui comprend une ingestion d’eau médicinale, combinée aux applications externes d’eaux et de gaz thermaux une diététique, une cure d’exercice, le repos, la rééducation respiratoire, la réduction ou la suppression de certains médicaments, la psychothérapie. L’asthmatique n’attend pas un résultat immédiat mais une amélioration durable. La crénothérapie forme donc un ensemble thérapeutique complexe qui, situé dans un plan de longue haleine, vise à retarder l’heure de la corticothérapie. On envisagera successivement les cures thermales, les cures climatiques et la thalassothérapie. Les cures thermales Les eaux minérales L’eau est un minéral, mais la dénomination d’eau minérale est réservée très souvent aux eaux douées de propriétés thérapeutiques et utilisées conformément à des règles qui garantissent leur pureté bactériologique et la stabilité de leur composition chimique. Le captage et le conditionnement doivent préserver leur caractère naturel, il est interdit de les filtrer et de les stériliser. Les propriétés thérapeutiques de la plupart des eaux minérales diminuent avec le temps, parfois très vite. Il est donc indispensable aux malades de se rendre sur place. C’est la raison d’être des stations et des cures thermales. On peut classer les eaux minérales de bien des manières. La classification chimique usuelle distingue plusieurs familles: les eaux bicarbonatées carbo-gazeuses; sulfatées... On rattache aux stations thermales celles qui mettent en œuvre des boues ou des émanations de gaz thermaux. On peut encore classer les eaux minérales d’après la façon de les appliquer aux malades : en contact direct avec les lésions dans les affections dermatologiques, naso-sinusiennes... par l’hydrothérapie externe: en pathologie ostéo-articulaire, neurologique, veineuse... ou par la cure de boisson pour les affections de l’appareil digestif, urinaire, certains cas de pédiatrie et de gériatrie. Dans bien des cas, cures thermales et cures climatiques se complètent. Il existe une relation entre la composition des eaux minérales et leurs propriétés thérapeutiques, ceci dit, des eaux de composition très voisine, soulagent des maladies bien différentes et des eaux très différentes obtiennent parfois des résultats similaires. En définitive, c’est l’expérience accumulée de longue date par le corps médical qui gouverne l’orientation des malades vers telle ou telle station. Indications et contre-indications des cures thermales Les cures thermales sont réservées aux malades chroniques et aux convalescents des maladies aiguës. Elles sont donc contre-indiquées au cours même des maladies aiguës, sauf l’eczéma. Elles le sont également dans les cancers et tuberculoses, l’hypertension artérielle sévère, l’insuffisance cardiaque, rénale et hépatique, ainsi que dans la sénilité extrême. Les malades mentaux doivent être dirigés vers des stations spécialisées. Le but des cures prescrites à la convalescence des maladies aiguës est la guérison ou la prévention des séquelles. Dans les infections chroniques, les cures ont une action originale, qui les rend précieuses en complément des autres traitements. Par exemple, en rhumatologie et en neurologie, elles sont irremplaçables pour lutter contre la douleur et l’impotence. En pathologie respiratoire, pour atténuer les réactions allergiques et renforcer les défenses de l’organisme contre les infections. De même en pathologie cutanée et gynécologique. Dans les maladies des artères, elles sont un des meilleurs moyens de développer la circulation collatérale. Dans les séquelles de phlébites, leur action sur l’œdème et les sensations de lourdeur est unique. En pathologie digestive, elles seules corrigent des troubles fonctionnels rebelles. Dans la migraine, elles réussissent souvent là où tout médicament échoue. Chez les malades mentaux légers, elles offrent un type de traitement qu’il est de plus en plus rare d’obtenir en ville. Chez les enfants, dont la sensibilité aux cures est extraordinaire, elles corrigent les méfaits de la vie urbaine. La place des cures thermales en médecine sociale découle de leur efficacité aux deux extrémités des processus morbides. Avant l’éclosion des accidents sérieux, c’est leur effet préventif. Après la phase évolutive, pour effacer les séquelles, c’est leur effet réparateur. Leur rendement pour prévenir les arrêts de travail et réduire les invalidités est remarquable. Les cures climatiques Les éléments thérapeutiques des climats sont la situation géographique, la nature du sol et du sous-sol, la température et la pression atmosphérique, la composition et la pureté de l’air, les vents et surtout l’ensoleillement. L’exposition au soleil, méthodiquement conduite, est l’héliothérapie. Ses effets les plus intéressants sont dus aux rayons ultraviolets. L’héliothérapie est contre-indiquée dans la tuberculose pulmonaire, tandis qu’elle est utile dans les tuberculoses extra-pulmonaires, les psoriasis, certaines maladies de la peau, le rachitisme, et ce qu’il est convenu d’appeler chez l’enfant le lymphatisme. L’héliothérapie se combine avec les cures d’altitude, de plaine et de bord de mer. Les climats d’altitude ont de remarquables effets stimulants. Ils conviennent à certains asthmatiques, aux tuberculeux pulmonaires après la cessation de la fièvre et aux formes extra-pulmonaires de la tuberculose. Certains climats de plaine ont des propriétés remarquables sur l’appareil respiratoire et le système nerveux. Les climats marins seront évoqués à propos de la thalassothérapie. La thalassothérapie La thalassothérapie est l’emploi thérapeutique des éléments du milieu marin. Elle englobe deux types de traitements, appliqués ensemble ou séparément: la cure héliomarine et la rééducation en piscine d’eau de mer. La cure héliomarine exploite les effets thérapeutiques des climats marins et du bain de mer. Avant la découverte de la streptomycine et de la chimiothérapie, la tuberculose ostéo-articulaire de l’enfant ne guérissait que dans certains climats, aujourd’hui la fonction de la cure héliomarine est de hâter et d’encadrer l’acte chirurgical. D’autres indications de la cure héliomarine sont le rachitisme, l’allergie respiratoire, certaines maladies de la peau... La rééducation en piscine d’eau de mer connaît actuellement une expansion méritée. La valeur des piscines d’eau de mer, comme des piscines thermales, découle des propriétés suivantes: le principe d’Archimède supprime la pesanteur des segments immergés et permet des mouvements impossibles autrement; le réchauffement des muscles est un préalable à toute rééducation; les contractures musculaires s’atténuent dans l’eau chaude, la circulation s’améliore, la pression hydrostatique favorise la résorption des œdèmes; le bain est analgésique... De nombreuses catégories de malades bénéficieraient de ce traitement: les victimes des accidents de la route, des traumatismes professionnels, certains rhumatismes chroniques… En Tunisie, ce domaine n’a pas encore vu le même l’essor que dans pays européens et prend des allures de caprice de bourgeois sans couverture médicale très développée mais reste sans doute très prometteur. Référence : -Crénothérapie et Climatothérapie : Dr BESANÇON François (Professeur à la faculté de médecine de Paris)

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