23 janvier, 2008
L’ACUPUNCTURE
Toutes les civilisations se sont efforcées de combattre la douleur. Le procédé le plus déconcertant est sans doute l’acupuncture, utilisée en Chine depuis plusieurs millénaires. Reposant sur des bases théoriques traditionnelles très complexes, sa pratique paraît s’être transmise sans grande modification jusqu’à l’époque actuelle. Sa survie à l’épreuve du temps semble témoigner d’une réelle efficacité. L’hypothèse émise est que l’implantation d’aiguilles provoque l’excitation d’afférences périphériques qui vont modifier l’intégration des messages douloureux dans le système nerveux central.
L’acupuncture traditionnelle postule l’existence d’une énergie yin et yang, circulant dans l’organisme dans un réseau complexe de méridiens. La maladie résulte d’un déséquilibre énergétique qui sera régularisé par l’implantation d’une aiguille d’acupuncture au niveau de points spécifiques, parfois manipulées avec un mouvement de rotation.
L’utilisation du courant électrique ou Électro-acupuncture avec des paramètres électriques choisis de façon à reproduire les effets de l’excitation manuelle a été initialement utilisée lors d’interventions chirurgicales puis son application s’est étendue au traitement symptomatique de la douleur.
L’électro-acupuncture a toujours été comparée à la Neurostimulation transcutanée qui contrairement à l’acupuncture, a pour principe l’activation de messages tactiles véhiculés par les fibres de gros diamètre. Ces influx exercent au niveau médullaire une action inhibitrice sur les messages douloureux activés par les fibres de plus petit diamètre et ce grâce à un appareillage miniaturisé, portable, qui permet au malade de s’auto-administrer le traitement. Ces études comparatives ont montré la similitude de ces deux techniques. Les effets de l’acupuncture sur la perception de la douleur ont été étudiés au laboratoire et bien que les résultats publiés ne soient pas tous homogènes, ils s’accordent à dire que l’acupuncture provoque une élévation du seuil douloureux, qu’il est plus exact de parler d’hypoalgésie et non d’analgésie et que cette action ne peut pas être expliquée simplement par l’effet placebo de l’acupuncture.
Selon les données de l’acupuncture classique, l’effet thérapeutique dépend du respect de la précision du point excité. Lors de certaines affections, les points «malades» à puncturer deviennent sensibles à la pression.
La notion de point paraît évoluer vers celle d’une zone plus étendue puisque la stimulation peut facilement exciter une branche ou un tronc nerveux. On a tenté de retrouver la spécificité du point chinois en comparant les effets respectifs de stimulations appliquées à son niveau et sur un site voisin. Les résultats ne montrent pas de différence significative et le respect des emplacements des points d’acupuncture n’est pas indispensable pour observer un effet hypoalgésique. Un fait clinique notable est la concordance entre les emplacements des points d’acupuncture et ceux des points ou zones douloureuses localisées décrites en Occident sous les noms de points de Valleix, points gâchettes musculaires, points moteurs, zones de Head. Ces observations sont importantes car elles permettent d’émettre des hypothèses sur le support anatomo-physiologique du «point d’acupuncture». En principe, le trajet d’un méridien permet de prévoir la zone d’action d’un point. Cette notion n’a pas pu être retrouvée, car les effets les plus marqués apparaissent dans le métamère du site de stimulation même si des effets à distance ont pu être observés.
Mécanismes d’action
Une stimulation sensitive peut induire l’inhibition plus ou moins durable d’une douleur. On connaît l’utilisation antalgique des applications de froid, de chaud, des ventouses, du massage, des sinapismes.
Mécanismes neurophysiologiques
Inhibition segmentaire l’électro-acupuncture est un procédé susceptible d’activer les afférences tactiles de façon comparable à la neurostimulation transcutanée.
Endorphines
Une étape a été franchie lorsqu’on a montré que des stimulations de fréquence basse et d’intensité élevée mettaient en jeu des substances morphinomimétiques endogènes (beta-endorphines, met-enképhalines).
Divers arguments s’accumulent pour étayer cette théorie. Dans le liquide céphalo-rachidien, une élévation de peptides morphinomimétiques a été dosée (Sjolund, 1977), alors que la destruction du noyau raphé magnus supprimerait l’effet hypoalgésiant de l’acupuncture (Chiang, 1979).
Le siège et le mécanisme de la libération des substances morphinomimétiques ne sont pas encore clairement établis. Un élément de discussion concerne l’existence ou non d’un stress lors des stimulations de type acupuncture. On a décrit, en effet, que le stress pouvait provoquer un effet hypoalgésique. Le rôle du stress est à prendre en compte pour expliquer les effets de l’acupuncture.
Mécanismes neuropsychologiques
Des hypothèses psychophysiologiques ont également été émises pour expliquer les effets hypoalgésiques de l’acupuncture. Le faible pourcentage d’interventions chirurgicales réalisées en Chine sous acupuncture (10 p. 100) témoigne de l’importance de facteurs individuels.
Les indications de l’acupuncture ne se limitent pas à la douleur. L’Organisation mondiale de la santé a établi une liste de troubles fonctionnels où cette technique peut constituer un appoint non négligeable. Il n’est donc pas inconcevable que des études ultérieures permettent d’établir la mise en jeu de mécanismes de régulation contrôlés par le système nerveux central et/ou végétatif.
Référence :
-ACUPUNCTURE : BOUREAU François (Chef de travaux et assistant en neurophysiologie à l’hôpital Saint-Antoine, Paris)
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